L’auteur
de la Vie et doctrines des philosophes (IIIe
siècle apr. J.-C.), œuvre de laquelle nous avons été renseignés sur nombre de
philosophes antiques, dans sa préface invoque la naissance de la philosophie en
terre grecque, et distingue de la sagesse des mages, des gymnosophistes et
autres « barbares » l’amour et la recherche de la sagesse, φιλόσοφος δε ο σοφίαν ασπαζομένος, qui naît de l’humble assertion de Pythagore : μηδένα γαρ είναι σοφόν αλλ’ η θεόν — nul n’est sage, que les dieux. Voyons l’extrait :
Pythagore est le
premier qui ait donné à cette science [la
philosophie] le nom de philosophie. Héraclide rapporte, dans la
dissertation sur la Léthargique, qu’il se qualifia lui-même philosophe
dans un entretien qu’il eut à Sicyone avec Léonte, tyran des Sicyoniens ou
Phliasiens. « Aucun homme n’est vraiment sage, disait-il, les dieux seuls ont
ce privilège. » Avant lui, la philosophie s’appelait sagesse et on donnait le
nom de sage à celui qui en faisait profession, c’est-à-dire, qui était arrivé à
la plus haute perfection de l’âme. Le mot philosophie au contraire désigne
seulement l’amour et la recherche de la sagesse. Les sages étaient aussi
appelés sophistes ; mais ce nom ne leur était pas exclusivement réservé
; il s’appliquait aussi aux poètes ; ainsi Cratinus célébrant Homère et Hésiode
dans l’Archiloque, les appelle sophistes.
Les sages sont
Thalès, Solon, Périandre, Cléobule, Chilon, Bias, Pittacus. On range aussi
parmi les sages le Scythe Anacharsis, Myson de Chénée, Phérécyde de Syros et
Épiménide de Crète. Quelques-uns même accordent ce titre au tyran Pisistrate.
La philosophie comprend
deux branches principales, dont l’une a pour chef Anaximandre, disciple de Thalès, et l’autre Pythagore, disciple de Phérécyde. La première a reçu le nom d’école ionienne, parce que Thalès,
maître d’Anaximandre, était Ionien ; il était de Milet. L’autre a été appelée italique, parce que Pythagore, chef de
cette école, avait passé la plus grande partie de sa vie en Italie.
Préface de la Vie et doctrines des philosophes, trad.
Zevort, 1847
La préface se poursuit nous éclaircissant sur les
épigones de chaque école, ainsi que l’origine des noms de celles-ci :
elles les empruntent soit aux villes qui les ont vus naître — éléens,
mégariques, cyrénaïques, — soit au lieu de rencontre — académiciens, stoïciens,
— soit au maître — socratiques, épicuriens, — soit encore, par exemple, à l’objet
principal d’étude — physiciens, moralistes, dialecticiens. Notons dès à présent
que la première division systématique de la philosophie est née d’Aristote.
La morale, fondée par Socrate, la dialectique, instituée
par Zénon d’Élée, et la physique sont la division classique de la philosophie,
et est d’origine épicurienne et stoïque.
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