Pythagore
Probablement de Samos, Pythagore s’en alla d’abord en Egypte, mais à son
retour, il fuit la tyrannie de l’île pour Crotone, en Italie.
Voici le rapport de Diogène :
Sosicrate rapporte, dans les Successions, que Léonte,
tyran de Phlionte, lui ayant demandé qui il était, il répondit : « Philosophe ;
» et que, comparant la vie à une assemblée publique, il ajouta: « De même que
dans une fête, les uns viennent pour combattre, les autres pour commercer, d’autres
enfin, et ce sont les meilleurs, pour voir et examiner ; de même aussi dans la
vie les uns sont esclaves de la gloire, les autres convoitent la richesse ;
mais le philosophe ne cherche que la vérité. »
[...]
Il enseigna le premier, dit-on, que l’âme parcourt, sous
l’empire de la nécessité, une sorte de cercle, et est unie successivement à
divers animaux.
[...]
Alexandre, dans la Succession des Philosophes, dit avoir
trouvé les données suivantes dans les commentaires pythagoriciens : Le principe
de toutes choses est la monade. De la monade vient la dyade indéfinie qui lui
est subordonnée comme à sa cause. La monade et la dyade indéfinie produisent
les nombres et ceux-ci les points. Des points. viennent les lignes, des lignes
les plans, et des plans les solides ; des solides viennent les corps sensibles
dans lesquels entrent quatre éléments, le feu, l’eau, la terre et l’air, qui en
se transformant produisent tous les êtres. Le monde qui résulte de leur
combinaison est animé, intelligent, sphérique; il enveloppe de toutes parts la
terre située à son centre, sphérique elle-même et habitée sur toute sa
circonférence; aux antipodes sont des hommes, et ce qui est pour nous le bas
est le haut pour eux.
[...]
On lit dans Phavorinus que Pythagore appliqua le premier
les définitions aux questions mathématiques; que Socrate et ses disciples en
firent un usage plus fréquent, et qu’Aristote et les stoïciens les imitèrent.
Diogène Laërte, Livre
VIII, chapitre I (trad. Zevort, 1847)
Empédocle
Empédocle était d’Agrigente. Les uns disent qu’il s’est jeté dans Etna, les
autres, qu’il est mort dans le Péloponnèse, et d’autres encore diverses
histoires. Sa doctrine est probablement plus certaine :
Il admettait l'existence de quatre éléments : feu, eau,
terre et air, auxquels il ajoutait l'amitié qui réunit et la discorde qui
divise. Voici ses paroles :
Le rapide Jupiter, Junon qui porte la vie, Édonée et
Nestis qui remplit de larmes amères les yeux des mortels.
Pour lui Jupiter est le feu, Junon la terre, Édonée l'air
et Nestis l'eau. Il prétend que les éléments ont un mouvement continuel de
transformation, et que ce mouvement ne doit jamais s'arrêter, l'organisation du
monde étant éternelle. Il infère de là que
Tantôt l'amitié réunit toutes choses et fait dominer
l'unité,
Tantôt au contraire la discorde divise et sépare les
éléments.
Diogène Laërte, Livre
VIII, chapitre II (trad. Zevort, 1847)
Héraclite
Quant
aux détails de son système, il enseigne que le feu est l’élément unique et que
tout provient des transformations du feu, en vertu de raréfactions et de
condensations successives ; du reste il n’entre à ce sujet dans aucune
explication. La contrariété préside à ces changements, et toutes choses sont
dans un flux perpétuel, comme les eaux d’un fleuve. L’univers est fini, le
monde est un ; il est tour à tour produit et embrasé par le feu, suivant
certaines périodes déterminées, et cela de toute éternité ; la destinée préside
à ces mouvements. Parmi les contraires, ceux qui poussent à la production sont
la guerre et la discorde ; ceux qui produisent l’embrasement sont la concorde
et la paix. Le changement est un mouvement de bas en haut et de haut en bas, en
vertu duquel est produit le monde. Le feu condensé produit l’humidité ;
celle-ci prend de la consistance et devient eau ; de l’eau vient la terre ; c’est
là le mouvement de haut en bas. Réciproquement la terre liquéfiée se change en
eau et de l’eau viennent les autres choses qu’il rapporte presque toutes à l’évaporation
de la mer ; c’est là le changement de bas en haut.
Diogène
Laërte, Livre IX, chapitre I (trad.
Zevort, 1847)
Aristote en premier
l’a appelé « l’obscur », puisque des fragments restitués par divers
auteurs, dont voici quelques-uns à titre d’exemple, beaucoup manifestent une
pensée hermétique :
Si
toutes les choses étaient changées en fumée, on connaîtrait par les narines.
(dans Aristote, De sensu, 443a)
« L’opposition unit » et « de la
différence naît la plus belle harmonie » (dans Aristote, E.N. 1155b)
On
ne descend pas deux fois dans le même fleuve. (dans Plutarque, 392b)
Parménide
Il a le premier
proclamé que la terre est ronde et qu’elle occupe le centre du monde. Il
admettait deux éléments, le feu et la terre, le premier considéré comme
principe organisateur, l’autre comme matière. Il faisait naître primitivement
les hommes du limon de la terre, et identifiait avec la terre et le feu le
froid et le chaud dont il tirait toutes choses. Pour lui, l’âme et l’intelligence
sont une seule et même chose, ainsi que l’atteste Théophraste dans la Physique,
ouvrage où il a exposé les doctrines de presque tous les philosophes.
Parménide
distinguait deux espèces de philosophie, l’une fondée sur la vérité, l’autre
sur l’opinion ; voici ses paroles :
Il faut que tu
connaisses toutes choses, et les entrailles incorruptibles de la vérité
persuasive, et les opinions des mortels, qui ne renferment pas la vraie
conviction.
C’est en vers qu’il
avait exposé ses idées philosophiques, aussi bien qu’Hésiode, Xénophane et
Empédocle. Il voyait dans la raison le critérium du vrai et n’admettait pas la
certitude des données sensibles; ainsi il dit :
Que la coutume ne
te jette pas dans cette route battue où Ton ne porte que des yeux aveugles, des
oreilles et une langue retentissantes ; mais juge avec la raison cette solide
démonstration.
Diogène
Laërte, Livre IX, chapitre III (trad.
Zevort, 1847)
Aristote (mét. A, 6) nous apprend
que Parménide, considérant qu’en-dehors l’Être le Non-Être n’est pas, il
doit penser que l’Être est Un, mais uniquement selon le λόγος
et la vérité ; selon la sensation, il est multiple.
Zénon d’Élée
Zénon était
disciple de Parménide.
Il
est l'inventeur de l'argument d'Achille, attribué à Parménide par Phavorinus,
et de quelques autres raisonnements du même genre.
Voici
sa doctrine : Le monde existe ; le vide n'existe pas. Tous les êtres sont
produits par le chaud et le froid, le sec et l'humide, en vertu de
transformations réciproques de ces principes. L'homme est né de la terre ; son
âme est un assemblage des quatre éléments précédents dans une proportion telle
qu'aucun d'eux ne prédomine.
Diogène
Laërte, Livre IX, chapitre V (trad.
Zevort, 1847)
Leucippe
Leucippe,
disciple de Zénon, était d'Élée. [...]il admet, comme nous l'avons dit,
l'infinité de l'univers, et il y fait entrer deux éléments, le vide et le
plein. Ces éléments sont l'un et l'autre infinis, ainsi que les mondes qu'ils
produisent et qui se résolvent en eux. Les mondes se forment de cette manière :
un grand nombre de corps, détachés de l'infini et affectant toutes les formes
possibles, se meuvent dans l'immensité du vide; de leur ensemble résulte un
tourbillon unique où, ballottés circulairement, s'entre-choquant l'un l'autre,
ils finissent par se démêler de telle sorte que ceux qui sont semblables se réunissent.
Mais comme toutes les particules ne peuvent pas, à cause de leur multitude,
suivre uniformément le mouvement du tourbillon, les plus légères sont relancées
vers le vide extérieur. Les autres restent et, embrassées dans le même
mouvement, elles s'enlacent et forment une sorte de continu , un premier
assemblage sphérique, une membrane qui enveloppe des corps de toute espèce.
Bientôt la continuité du mouvement circulaire, unie à la résistance du noyau
central, fait que les corps se portent incessamment vers le centre, la membrane
extérieure devenant de moins en moins dense ; une fois au centre, ils y restent
unis, et ainsi se forme la terre. D'un autre côté, il se produit dans l'espace
une autre enveloppe qui s'accroît sans cesse par l'apport des corps extérieurs
et qui, animée elle-même d'un mouvement circulaire, entraîne et s'adjoint tout
ce qu'elle rencontre. Quelques-uns de ces corps ainsi enveloppés se réunissent
et forment 207 des composés d'abord humides et boueux ; desséchés ensuite et
entraînés dans le mouvement universel du tourbillon circulaire ils s'enflamment
et constituent la substance des astres. L'orbite du soleil est la plus
éloignée, celle de la lune la plus rapprochée de la terre ; entre les deux sont
les orbites des autres astres.
Diogène
Laërte, Livre IX, chapitre VI (trad.
Zevort, 1847)
Démocrite
Λόγος έργου σκιή.
La parole est l’ombre des actions.
Démocrite d’Abdère, un peu plus jeune que Socrate, est connu pour sa
doctrine atomiste. On ne sait s’il a été à Athènes, nous le conservons donc
ici.
Les
principes de toutes choses sont les atomes et le vide ; tout le reste n'a
d'existence que dans l'opinion. Il ya une infinité de mondes sujets à
production et à destruction. Rien ne vient du non-être ; rien ne se résout dans
le non-être. Les atomes, infinis en quantité, et occupant l'espace infini, sont
emportés à travers l'univers par un mouvement circulaire, et produisent ainsi
tous les complexes, le feu, l'eau, l'air et la terre ; car ce sont là des
composés d'atomes. Les atomes seuls sont à l'abri de toute action extérieure,
de tout changement , grâce à leur solidité et à leur dureté. Le soleil et la
lune sont produits par ces tourbillons d'atomes, par ces particules animées
d'un mouvement circulaire; il en est de même de l'âme, qui d'ailleurs n'est pas
distincte de l'intelligence. La vision s'opère par l'intermédiaire d'images qui
pénètrent dans l'âme. La nécessité préside à tout ; car la cause de toute
production est le tourbillonnement des atomes, qu'il déclare fatal. La fan de
l'homme est la tranquillité d'âme, qu'il faut se garder de confondre avec la
volupté, comme on l'a fait quelquefois, faute de bien entendre sa pensée :
c'est un état dans lequel l'âme, calme et paisible, n'est agitée par aucune
crainte, aucune superstition, aucune passion. Il donne encore à cet état
plusieurs autres noms, en particulier celui de bien-être. Enfin il prétend que
tout ce qui est phénomène n'a de réalité que dans l'opinion, mais que les
atomes et le vide sont dans la nature et ont une existence absolue.
Diogène
Laërte, Livre IX, chapitre VII (trad.
Zevort, 1847)
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