L'école milésienne


Thalès

Hérodote raconte l’histoire d’une guerre entre Lydiens (Crésus) et Mèdes (Cyaxare), en 610 av. J.-C. (Clio, 74) :


On était aux prises, quand, au fort du combat, soudain le jour devint nuit. Thalès de Milet avait annoncé aux Ioniens ce changement et avait même fixé d’avance l’année où il arriva. Les Lydiens et les Mèdes, lorsqu’ils virent la nuit prendre la place du jour, suspendirent le combat, après quoi ils se montrèrent des deux parts plus empressés de faire la paix.

Trad. Giguet, 1860


Pour Aristote (mét. A, 3), Thalès, qui a fondé la philosophie n’envisageant que les principes matériels, dit que ce principe est l’eau.
Voici enfin ce qu’en dit Diogène de Laërte :


Le premier il se livra à l’observation des astres, qu’il prédit les éclipses de soleil et l’époque des solstices, découvertes qui lui valurent les éloges de Xénophane et d’Hérodote. [...] On a aussi prétendu qu’il avait le premier proclamé l’immortalité de l’âme. [...] Enfin on lui doit, dit-on, les premières spéculations sur la nature.
[...]
L’eau était pour lui le principe de toutes choses. [...] Hiéronymus dit qu’il calcula la hauteur des pyramides, en prenant pour base leur ombre au moment où les ombres sont égales aux objets.
[...]
On raconte qu’étant sorti de chez lui, sous la conduite d’une vieille femme, pour observer les astres, il tomba dans une fosse, et que comme il se fâchait, la vielle lui dit : « O Thalès, tu ne vois pas ce qui est à tes pieds et tu veux connaître ce qui se passe dans le ciel ! »
[...]
« Quelle est, lui-disait-on, la chose la plus difficile ? — Se connaître soi-même, reprit-il. — La plus aisée ? — Donner des conseils. La plus agréable ? — Réussir. — Qu’est-ce que dieu ? — Ce qui n’a ni commencement ni fin. — Qu’avez-vous vu de plus extraordinaire ? — Un tyran arrivé à la vieillesse. — Quelle est la plus douce consolation du malheur ? — La vue d’un ennemi plus malheureux encore. — Quel est le meilleur moyen de mener une vie pure et vertueuse ? — Eviter ce qu’on blâme dans les autres. — Quel est l’homme heureux ? — Celui dont le corps est sain, l’esprit cultivé, la fortune suffisante. »

Diogène Laërte, Livre I, chapitre I (trad. Zevort, 1847)


Anaximandre

Anaximandre, fils de Praxiade, était de Milet. Il admettait pour principe et élément des choses l’infini, sans déterminer si par là il entendait l’air, l’eau, ou quelque autre substance. Il disait que les parties de l’infini changent, mais que l’infini lui-même, dans son ensemble, est immuable. La terre, selon lui, est située au milieu de l’univers ; elle en est le centre; sa forme est sphérique. La lune n’a qu’une lumière d’emprunt et est éclairée par le soleil. Le soleil est aussi grand que la terre ; il a pour substance le feu le plus pur.

Diogène Laërte, Livre II, chapitre I (trad. Zevort, 1847)


Anaximène est né vers 610 et mort vers 547 avant notre ère.


Anaximène

Anaximène, de Milet, fils d’Eurystrate, fut disciple d’Anaximandre. Quelques auteurs lui donnent aussi pour maître Parménide. Il admettait deux principes, l’air et l’infini, et croyait que les astres tournent autour de l’horizon au lieu de passer sous la terre.
[...] On a du philosophe les lettres suivantes :

[A Pythagore] Un funeste accident nous a enlevé Thalès au milieu d’une belle vieillesse. Il était sorti la nuit, selon sa coutume, en compagnie d’une servante, pour étudier les astres. Mais, trahi par sa mémoire, il tomba , tout en observant, dans une fosse profonde. Telle fut la fin de l’astronome de Milet. Nous qui l’avons eu pour maître, conservons le souvenir de ce grand homme; transmettons-le à nos enfants et à nos disciples, et que sa doctrine soit toujours notre règle. Saluons dans Thalès celui qui a inauguré tous nos travaux.

[A Pythagore] Tu as agi plus sagement que nous en émigrant de Samos à Crolone où tu vis en paix; car les descendants d’Eacus accablent de maux tes compatriotes. Milet n’est pas non plus délivré de la tyrannie. Joins à cela les menaces que nous adresse le roi des Mèdes pour nous forcer à devenir ses tributaires. Les Ioniens se préparent à déclarer la guerre aux Mèdes pour la liberté commune ; mais, la guerre engagée, nous n’avons plus aucune espérance de salut. Comment donc Anaximène pourrait-il s’appliquer à la contemplation des choses célestes, menacé qu’il est de la mort ou de l’esclavage ? Quant à toi, les Crotoniates t’aiment; les habitants de la grande Grèce t’estiment; la Sicile même te fournit des disciples.

Diogène Laërte, Livre II, chapitre II (trad. Zevort, 1847)


Aristote dit de lui qu’avec Diogène [d’Apollonie] il pose l’air comme principe, antérieur à l’eau (mét. A, 3).




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